Saturday, January 31, 2009

Journée d'information et d'échange

L'association Valentin APAC et les syndromes de Klinefelter, Triplo X, Double Y et Turner

Depuis plusieurs années, nous développons des actions d'information et de soutien aux hommes et aux parents ayant des garçons Klinefelter (caryotype 47, XXY), mais aussi pour les syndromes Triplo X (47,XXX), double Y (47,XYY) et Turner (45,XO).

Ces particularités génétiques sont soit :
  • Déjà connue avant la naissance,
  • Découverte au cours du développement de l'enfant, par exemple à l'adolescence par suite d'un retard de la puberté, uniquement pour les syndromes de Klinefelter et Turner ;
  • Chez l'homme ou la femme lors d'un bilan d'exploration de sa fécondité, la encore, uniquement pour les syndromes de Klinefelter et Turner;
  • Lors d'un dépistage familial pour d'autres raisons.
Bien que ces anomalies chromosomiques soient assez fréquentes (fréquence de 1 pour 500 à 600 environ pour le Klinefelter, 1 sur 1.000 pour le Triplo X ou le double Y, 1 sur 2.500 pour le Turner), l'absence de signes particuliers rend difficile leurs diagnostics.
Quoi qu'il en soit, ce dernier est souvent assez délicat à supporter et à assumer, d'autant plus en période de grossesse ou de l'adolescence.

Au sein de notre Association, les familles qui nous rejoignent sont soit :

  • Des hommes ou des femmes de tout âge, mariés ou célibataires ;
  • Des adolescent(e)s ou leurs parents ;
  • Des familles qui attendent un enfant porteur de l'un de ces syndromes ;
  • Des parents d'enfants de tout âge, dont le diagnostic était déjà connu avant la naissance, lors d'une amniocentèse pour age maternel par exemple ou en raison des marqueurs sériques élevés.
Pour en savoir plus:
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Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes

Hermaphrodisme, faut-il se soumettre au bistouri?

| 12:09 Nés entre les deux sexes, ils veulent pouvoir décider par eux-mêmes de leur identité.



Adélita Genoud et Cécile Denayrouse | 30-01-2009 | 12:09

Ils n’étaient que deux, lundi dernier, à manifester devant le Palais des Nations pour que les intersexués cessent d’être victimes de violations contre les droits de l’homme. Deux, c’est bien peu en regard des quelque 12 500 hermaphrodites répertoriés en Suisse. Ces représentants des personnes intersexuées repartent cependant à la charge. Ils se tiendront de nouveau devant le Palais des Nations ce lundi pour une protestation silencieuse. Pourquoi ont-ils choisi de descendre dans la rue? Que revendiquent-ils? Explication médicale et témoignages.

L'hermaphrodisme (présence de caractéristiques des deux sexes chez un individu) ne concerne pas seulement quelques cas isolés. D’origine principalement génétique ou hormonale, cette morphologie ambigue vise quelques centaines de personnes à Genève.

La confusion identitaire sexuelle, décelée dès les premières heures de la vie, est en principe résolue par la génétique.
En clair, la médecine procède à la reconstruction de l’appareil génital féminin ou masculin selon le résultat chromosomique (XX ou XY). Mais, si cette voie empruntée par la science obéit à une certaine logique, elle n’est pas sans conséquence chez les intersexués.

«Certains individus, opérés à la naissance, ont des parcours de vie très difficiles. Au moment de la puberté, ils demandent parfois une réassignation chirurgicale de leur sexe. D’autres développent des troubles dépressifs», affirme Ariane Giacobino, médecin généticien aux Hôpitaux universitaires de Genève.

La Zurichoise Daniela Truffer, porte-parole et présidente de l’Association des personnes intersexuées en Allemagne, le confirme: «Environ un tiers des hermaphrodites se suicident. »

Née elle-même avec une ambiguïté sexuelle, elle a été castrée dès son plus jeune âge. «D’ordinaire, la génétique n’entre même pas en ligne de compte, et les médecins privilégient le sexe féminin par facilité, raconte-t-elle. Ils ont donc décidé de faire de moi une fille, malgré mes chromosomes XY.

A aucun moment, mes parents n’ont eu voix au chapitre. Ils ignoraient complètement ce que l’on me faisait. Face à leurs questions, les médecins restaient vagues. »

Fillette, elle subit une nouvelle opération chirurgicale irréversible pour «couper ce qui dépasse», avant de prendre des hormones dès l’âge de 12 ans. Un traitement aux conséquences lourdes. Daniela finit par demander à ce qu’on lui reconstruise un vagin à 18 ans: «C’est la seule opération que j’ai moi-même exigée. » Elle s’estime privilégiée: «J’ai encore des sensations sexuelles, ce qui n’est pas le cas de la plupart des intersexués. Certains ont des saignements permanents, des douleurs atroces et des cicatrices…»

Alors? L'hermaphrodisme pose une succession d’interrogations. «Il faudrait que nous réfléchissions à un meilleur encadrement des familles et des enfants. Mieux expliciter les conséquences de chaque choix», assure la généticienne. Et sans doute intervenir médicalement plus tardivement au lieu d’agir dans l’urgence. «Le fait que deux sexes différents cohabitent n’a pas d’incidences délétères sur la santé», reprend-elle.

Daniela aussi en est persuadée: «Même si l’enfant subit les moqueries de ses camarades ou les regards en coin des voisins, ce n’est rien comparé à la souffrance morale et physique qu’impliquent ces opérations contraintes. »
Mais, ce changement de pratique suppose une évolution de la société. Si l’identité sexuelle n’est pas «décidée» par la chirurgie à la naissance, de quel côté va se situer l’enfant? Fille? Garçon? Daniela se demande encore aujourd’hui quelle aurait pu être sa vie si ce choix ne lui avait pas été volé. «A l’extérieur je suis une fille, mais l’âme, elle, ne s’opère pas. Je suis comme apatride dans mon propre corps. »

Dans une société qui ne reconnaît que le masculin et le féminin, les intersexués sont inexistants au niveau juridique, politique et social. Quelques hermaphrodites commencent à sortir de l’ombre. En Allemagne, une personne intersexuée, qui avait assigné son médecin en justice, a eu gain de cause. D’autres procès retentissants se préparent.

«La menace judiciaire amènera peut-être la médecine à reconsidérer sa pratique», espère Daniela.
Au-delà, faudra-t-il enfin reconnaître l’existence d’un troisième sexe pour éviter des années de souffrance et de traitements médicaux forcés?
Pour plus d’nformations: www.intersexualite.org et www.intersex.ch

«Les médecins m’ont menti»

Nicolas est né avec les gènes XXY. Heureux père de famille, il est allé consulter un médecin sur le tard, à 38 ans, pour avoir des réponses à ses questions sur sa particularité génétique. «Le médecin m’a examiné, et m’a finalement prescrit un traitement à base de stéroïdes, sans trop me dire réellement pour quelles raisons, sinon que ça me ferait du bien. » Syndrome de la blouse blanche oblige, Nicolas fait confiance au spécialiste, sans trop se poser de questions, et entame son traitement.

Rapidement, il ne reconnaît plus son corps, qui se virilise, devient plus carré. Des crises de douleurs insupportables apparaissent, il devient irritable. Son entourage est perplexe: Nicolas est méconnaissable. Inquiet, il retourne chez son médecin. «Il m’a alors expliqué qu’il avait voulu me normaliser et a ajouté: «Vous ne vouliez pas ressembler à une fille. » Sauf que je n’avais rien demandé!» A cause du traitement hormonal imposé, Nicolas souffre aujourd’hui d’une grave maladie qui détruit ses articulations.

Certains hermaphrodites sont entrés dans la légende.

Le chevalier d’Éon (1728-1810), espion et diplomate de Louis XV, célèbre pour son habileté à se faire passer pour une femme. Son attitude équivoque et non-conformiste alimenta les rumeurs les plus folles: fou? Hermaphrodite? Femme? A sa mort, il fut autopsié par un concile de médecins, et déclaré de sexe masculin et parfaitement constitué. Au cours de sa vie pourtant, des proches affirmèrent qu’il était bien une femme.

Herculine Barbin (1838-1868) était un hermaphrodite français qui a été considéré comme une femme à la naissance, mais a plus tard été réassigné comme un homme après une liaison amoureuse et un examen physique. Elle est connue pour avoir écrit une émouvante autobiographie qui présente la difficulté d’être intersexué.

Erika Schinegger, championne du monde de ski alpin en 1966, fut détectée comme étant de sexe masculin lors d’un test urinaire. Elle décida alors de se faire opérer et de changer son prénom d’Erika en Erik. «Je croyais être une fille, je pensais que j’étais lesbienne, a-t-il confié. J’ai eu beaucoup de chance. Sans cette victoire, j’aurais vécu encore longtemps dans la peau d’une fille. Après l’opération, je n’étais plus personne, mais j’avais pris ma vie en main. » Marié, il est père d’une petite fille. CD

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Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes

Thursday, January 29, 2009

Les «intersexes» donnent de la voix devant l’ONU

Près d’un enfant sur 2000 naît avec une morphologie génitale «ambiguë». Soumis à des opérations et traitements forcés, les personnes intersexuées manifestaient à Genève pour exiger le respect de leur corps.

Arnaud Gallay

janvier 2009

Lundi 26 janvier, une poignée de personnes intersexuées et leurs amis se sont réunis sur la Place des Nations, à Genève, devant le siège européen des Nations Unies, pour attirer l’attention du public sur les conséquences des chirurgies et traitements imposés sans consentement, particulièrement sur des enfants, et aboutissant à des mutilations génitales irréversibles.
C’est la deuxième fois (après une première manifestation devant l'Hôpital de pédiatrie de Zurich en juillet dernier) que les personnes intersexuées «sortent du bois» en Suisse, comme l’explique Nicolas, qui concède que ces actions publiques sont éprouvantes: «Les personnes intersexuées n’existent pas pour la société. On ne voit que deux sexes: masculin et féminin. Quant à toutes les variations qui existent entre les deux, on n’en parle pas.»

Première devant l’ONU
Le rassemblement de lundi marquait également une première: les personnes intersexuées étaient invitées à s’exprimer devant le Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU et le 43e Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). Elles y soumettaient à cette occasion un rapport officieux sur les atteintes aux droits humains dont elles sont victimes. «Ce rapport fait la liste des violations commises contre les personnes qui ont un appareil génital non conforme: castrations, opérations génitales forcées… qui détruisent les âmes comme les corps», résume Daniela, présidente de l’Association des personnes intersexuées. «C'est une manière de dire: Aidez-nous à vivre notre vie dans la dignité!»

L’Association des personnes intersexuées organise une nouvelle veille silencieuse devant l’ONU, Place des Nations à Genève, le lundi 2 février de 9 à 17h.

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Monday, January 26, 2009

Manif intersexuelle


Image © ERIC J. ALDAG

Ils n'étaient que quatre à manifester hier à Genève pour dénoncer les opérations génitales imposées aux enfants dont le sexe est ambigu.

Vincent Donzé - le 26 janvier 2009, 22h37
Le Matin

Quatre pancartes tenues par deux hermaphrodites et deux militants: la place des Nations était bien trop vaste hier à Genève pour la manifestation qui dénonçait les opérations génitales imposées aux intersexuels. «C'est la peur et la honte qui les empêche de se montrer», indique Daniela Truffer, présidente de l'association des personnes intersexuées. Ils sont 3500 en Suisse à être nés comme elle avec une anomalie morphologique, sorte de petit pénis ou de grand clitoris. Chez un foetus sur 2000, l'évolution vers le genre masculin ou féminin ne se fait pas clairement pour des raisons génétique ou hormonale. «C'est un médecin qui a choisi mon sexe», dénonce Daniela Truffer.

«laissons-les décider!»
La plus engagée des hermaphrodites est venue à Genève avec un ami zurichois: «Nous nous sommes rencontrés à l'Université et lorsqu'elle s'est confiée à moi j'ai vu derrière ce tabou la plus grave violation des droits de l'homme», s'emporte Matthias. Manifester, c'est son seul pouvoir: «Aucun parlementaire ne relaie nos revendications. Le lobby des médecins est-il si puissant?» s'interroge ce militant.

Pour le corps médical, faire perdurer l'ambiguïté jusqu'à l'âge adulte n'élimine pas la souffrance: comment un enfant parvient-il à se construire si ses parents ne peuvent pas le considérer comme leur fils ou leur fille? Le choix d'un sexe tient compte des caractéristiques physiques, génétiques, hormonales et psychologiques, mais aussi de la projection parentale. Mais, pour les quatre manifestants d'hier, cette assignation précoce ne tient compte ni des émotions ni du métabolisme: «Acceptons leur différence et laissons-les décider», plaide Philippe Scandolera, coprésident de l'association homosexuelle 360°.

Daniela,
43 ans, Zurich

«Transformer un intersexuel en fille plutôt qu'en garçon, c'est plus facile pour un chirurgien: il suffit de couper ce qui est trop grand... Mais ce changement implique un déséquilibre hormonal: on est castré. C'est ce qui m'est arrivé quand j'avais 7 ans: je suis née avec des testicules et un micropénis, mais les médecins ont décidé que je serais une fille sur la base d'un mensonge: ils ont dit à mes parents que mes ovaires étaient mal formés. Parler de ma situation m'était interdit, même avec mes tantes.

A 12 ans, j'ai reçu des hormones synthétiques et à 18 ans, on m'a construit un vagin. Normalement, les sensations sexuelles sont détruites par l'opération, mais pas dans mon cas: mon gland n'a pas été coupé, mais retourné à l'intérieur, ce qui m'a permis de conserver des sensations. J'ai vécu une relation avec un homme, mais la sexualité n'était pas importante entre nous. J'ai passé ma vie dans l'isolement et dans la honte, en cachant mon corps. Qu'on me dise madame Truffer m'est égal: je ne serai jamais la personne que j'étais à la naissance. Ce sentiment a débouché sur des manifestations d'agression. Mon identité est un patchwork, mais je ne veux pas me faire opérer pour devenir un homme, avec une barbe et un pénis qui ne fonctionne pas: y introduire l'urètre, c'est très compliqué. Après huit ans de thérapie, je commence à affronter mes peurs. Ce que j'ai subi équivaut à l'abus sexuel d'un enfant: c'est une véritable torture parce que dans notre société, on doit être un homme ou une femme.»

Nicolas,
43 ans, Lausanne

«Tout baignait dans le meilleur des mondes lorsqu’un médecin a décidé de me «normaliser», à l’âge très tardif de 38 ans. J’étais marié et j’avais un enfant, mais je me savais XXY. Comme j’ai découvert cette singularité chromosomique à l’âge de 20 ans, au détour d’un contrôle médical, je me suis longuement interrogé avant de consulter un spécialiste. Pour toute réponse, ce médecin m’a prescrit «quelque chose qui vous fera bien» en me priant de ne pas lire la notice. Comme il craignait que je devienne une fille, il m’a donné de la testostérone. J’ai vécu ce traitement comme une castration chimique: mes articulations ont gonflé, mes testicules ont diminué, et je suis devenu poilu comme un ours. Ma pilosité est redevenue normale lorsque j’ai cessé de prendre de la testostérone, mais une grave maladie touche mes articulations. Et tout s’est enchaîné: la séparation d’avec ma femme, un changement de profession. Je me bats depuis trois ans et je peux compter sur le soutien de mes parents et de mes amis: ils ont compris que j’ai servi de cobaye. Mais ce qui me tient debout et m’encourage à militer, c’est la rage. Ce n’était pas à mon médecin de faire de moi un gros mâle viril: il faut changer le protocole médical pour que ça n’arrive plus à personne.

Les intersexuels vivent dans une invisibilité totale. Je préfère utiliser le terme d’intersexuel: un hermaphrodite fait fantasmer le public, car il est censé posséder les deux sexes. Mais je refuse d’être un objet à fantasmes.»

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Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes

Saturday, January 24, 2009

Les associations d’hermaphrodites se rebellent

Marie-Christine Petit-Pierre

Les personnes nées avec un sexe mal défini veulent pouvoir choisir si elles souhaitent recourir à la chirurgie ou non.


Est-ce un petit pénis ou un grand clitoris? Que faut-il faire lorsqu’un enfant naît avec un sexe ambigu? Un cas de figure qui se présente dans une naissance sur 2000 environ. Jusqu’à récemment, les médecins répondaient le plus souvent par la chirurgie et les traitements hormonaux, il fallait décider, vite, du «vrai» sexe du nouveau-né. Aujourd’hui les hermaphrodites n’acceptent plus ce diktat. Explications avec François Ansermet, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à Genève. Alors que l’Association des personnes intersexuées se prépare à manifester à Genève sur la place des Nations les lundis 26 janvier et 2 février.

Friday, January 23, 2009

«Les intersexuels ne veulent pas être mis dans des catégories»

GENRE. Les associations d'hermaphrodites vont manifester à Genève contre les opérations génitales forcées. Explications sur ces
traitements.

Marie-Christine Petit-Pierre
Samedi 24 janvier 2009

Est-ce un petit pénis ou un grand clitoris? Que faut-il faire lorsqu'un enfant naît avec un sexe ambigu? Un cas de figure qui se
présente dans une naissance sur 2000 environ. Jusqu'à récemment, les médecins répondaient le plus souvent par la chirurgie et les
traitements hormonaux, il fallait décider, vite, du «vrai» sexe du nouveau-né. Aujourd'hui les hermaphrodites n'acceptent plus ce diktat. Explications avec François Ansermet, chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à Genève. Alors que l'Association des personnes intersexuées se prépare à manifester à Genève sur la place des Nations les lundis 26 janvier et 2 février.

Le Temps: Des militants vont manifester contre les opérations génitales forcées pour personnes hermaphrodites. Les traitements
sont-ils toujours aussi radicaux?

François Ansermet: Jusque dans un passé récent, on intervenait le plus vite possible lorsqu'un enfant naissait avec une ambiguïté génitale. Il fallait décider de son «vrai» sexe le plus tôt possible, l'opérer, lui donner un prénom défini. Les médecins agissaient selon le paradigme dit de Johns Hopkins, du nom de l'hôpital américain où exerçait le fameux endocrinologue John Money, grand défenseur de la correction chirurgicale et hormonale de l'intersexualité. On pensait qu'il était indispensable de construire une anatomie définie pour que l'enfant puisse élaborer son identité sexuelle.

- Et aujourd'hui?

- L'idée de s'appuyer sur un sexe d'attribution a été en particulier troublée par certains cas de changement de sexe ultérieurs. Le paradigme de Johns Hopkins a alors été largement remis en question. Nous avons été amenés à nous interroger sur la différence sexuelle. A quoi tient-elle? Est-ce chromosomique, endocrinien, morphologique, cérébral ou une construction culturelle et sociale? J'ai une jeune patiente, très jolie, avec une morphologie tout à fait normale, qui a découvert à 16 ans qu'elle était XY et porteuse d'un testicule féminisant (le testicule produit de la testostérone mais les récepteurs pour cette hormone ne fonctionnent pas, ndlr). La médecine a désavoué son sexe, elle lui a dit qu'elle était un homme. Cette jeune fille a vécu un traumatisme majeur et dit s'être sentie «jetée hors du langage».

- Elle n'avait plus de mots pour se définir?

- Tout se passe comme si un corps atteint déstabilisait le langage. On ne sait plus ce qui est identique et différent, tout bouge. C'est pourquoi les personnes nées avec une ambiguïté génitale n'aiment pas que l'on utilise le terme d'hermaphrodite. Elles préfèrent celui d'intersexué. La médecine parle de pseudo-hermaphrodite ou d'ambiguïté génitale.

- Aujourd'hui on préfère laisser le choix de leur sexe aux intersexués?

- La question du choix se pose d'autant plus avec un enfant, puisqu'il n'est pas en mesure d'y participer. Ce sont d'abord les médecins qui interviennent dans le choix de son sexe. Aujourd'hui certains intersexués revendiquent la liberté de ce choix. Chaque sujet est de toute façon unique. Son identité ne peut pas être ramenée à la seule identité de genre. Il y a plus de différences entre deux sujets qu'il n'y en a entre l'ensemble des masculins et l'ensemble des féminins.

- Devrait-il y avoir un troisième sexe?

- Anne Fausto-Sterling, professeure de biologie et d'études genre aux Etats-Unis, propose d'admettre l'existence de stades intersexuels. Les pseudo-hermaphrodites posent la question: le sexe est-il deux ou multiple? Pour eux, il n'est pas normal d'être obligé de se ranger dans la catégorie femme ou homme. Ils estiment avoir le droit d'être intersexuels.

- La chirurgie met-elle en cause la sexualité des intersexuels?

- Ne pas se faire opérer est également un choix de jouissance. Ceux qui luttent contre une opération trop précoce dénoncent en effet les conséquences des mutilations provoquées par la chirurgie qui les privent des sensations des organes touchés et peuvent les laisser insensibles.

- Comment envisagez-vous l'avenir?

- Aujourd'hui, en tenant compte des changements dans les règles de soins aux intersexués, je pense que nous devrions travailler en
collaboration. En associant chirurgiens, psychiatres, associations de patients et recherches en études genre pour construire une prise en charge adéquate des patients.

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Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes

Monday, January 19, 2009

Protestations des hermaphrodites devant l’ONU

lundi 19 janvier 2009 par Zwischengeschlecht.info

Les personnes intersexuées sont exposées à des très graves violations de leur droits de l’homme, notamment des opérations genitales forcées, castrations forcées et d’autres traitements non consentis et irréversibles dans leurs premiers années de vie.

Actuellement ils mobilisent pour une soirée d’info, une manifestation et des vigiles de silence à Genève le 25.1.-2.2.2009.

Environ un enfant sur deux mille naît avec une morphologie sexuelle "ambiguë". On parle de personnes intersexuées, aussi intersexes, hermaphrodites ou androgynes. Dans une société qui ne reconnaît que des "hommes" et des "femmes", les intersexués sont inexistants au niveau juridique, politique et social. Considérés comme des "anomalies", ils sont "rectifiés" par la chirurgie, alors qu’ils sont parfaitement sains. Ces enfants ont leur organs génitaux "ambiguës" opérés sans leur consentement, afin de les "normaliser", tout en acceptant le fait que leur ressenti sexuel pourra être diminué voire complètement détruit. De plus, ces enfants sont systématiquement castrés, cela dit qu’on leur enlève leurs organes génitaux internes sains, ce qui a comme conséquence qu’ils devront prendre des hormones synthétiques toute leur vie. Cette prise d’hormones entraîne souvent des graves problèmes de santé. La plupart des victimes de cette pratique subissent des dégâts psychiques et physiques énormes et en souffrent toute leur vie. Des études médicales le prouvent (études intersexe de Hambourg 2007 et Lübeck 2008).

Les personnes qui présentent une morphologie sexuelle "ambiguë" font partie de notre société et ont le même droit que tout autre citoyen de s’épanouir et de se développer librement. Les opérations forcées qu’on leur fait subir sont une atteinte grave contre leurs droits de l’homme, par exemple l’intégrité corporelle, l’autodétermination et la dignité humaine.

Afin d’éviter que des enfants subissent à l’avenir de telles opérations forcées et que des victimes existantes soient indemnisées voire réhabilitées le plus possible, un groupe de personnes intersexuées font actuellement partie de la delegation NGO CEDAW de l’allemagne et participeront à la 43ième session du comité CEDAW à Genève fin janvier 2009 pour présenter leur rapport occulte qui liste en détail les violations contre les droits de l’homme des personnes intersexuées.

Dimanche, 25 janvier 2009, 19:00 heures SOIRÉE D’INFO La maison des associations >> http://www.lafea.org/ Salle Zasi Sadou >> http://www.lafea.org/salle_sadou.htm# 15, rue des Savoises, 1205 Genève

Lundi, 26 janvier 2009, 10:00 heures VIGILE DE SILENCE Place des Nations >> http://map.search.ch/geneve/place-des-nations

Lundi, 26 janvier 2009, 13:30-14:30 heures MANIFESTATION Place des Nations

Lundi, 2 février 2009, 09:00-17:00 heures VIGILE DE SILENCE Place des Nations

Venez et montrez votre soutien pour nos droits humains ! Soyez solidaire avec nous dans notre lutte contre les opérations génitales forcées !

Le tabou qui entoure l’intersexuation a eu un impact négatif qui dure toute la vie pour les personnes concernées et les impose une isolation difficile à vivre. Les personnes intersexuées ne vont plus rester silencieux et dans le futur elles vont défendre les enfants intersexués. La société a besoin d’information claire et précise afin d’avoir des traitements plus flexibles. Les personnes intersexuées exigent que les opérations soient permises seulement avec le consentement éclairé de la personne intersexuée elle-même et elles exigent qu’on accorde les mêmes droits à l’a protection de leur corps, à l’autodétermination et la dignité humaine qu’on accorde à toutes les autres personnes.

Voyez aussi >> http://humanrights.ch/home/fr/Suisse/Politique/Interieur/idart_6234-content.html >> http://www.lematin.ch/tendances/bien/medecins-decide-fille-35197

Le rapport occulte de l’Association des personnes intersexuées pour la 43ème session du comité CEDAW (version anglaise) >> http://intersex.shadowreport.org

Source

Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes