Tuesday, November 25, 2008

Environnement chimique et reproduction

Alors que s'ouvre aujourd'hui le colloque européen sur les effets de l'environnement chimique sur la reproduction et le développement de l'enfant (cf. Synthèse de presse du 19/11/08), la presse revient largement sur la dégradation de la fertilité masculine constatée depuis quelques années. En 50 ans, le nombre et la qualité des spermatozoïdes ont diminué de 50% environ ; le nombre de malformations génitales masculines est en hausse et les cancers du testicule ont augmenté de 50% en 20 ans en France... En Espagne par exemple, selon une étude publiée en octobre dernier par des chercheurs de l'Institut Marques de Barcelone, près de 6 jeunes sur 10 auraient un sperme de qualité inférieure au seuil considéré par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le début d'éventuels problèmes de fécondité.

Même constat dans l'espèce animal : au Royaume-Uni, des truites de rivière, vivant en aval d'usines de traitement d'eaux usées dans lesquelles on trouvait trace de produits et de médicaments chimiques, sont devenues hermaphrodites ; en Floride, les alligators du lac Apopka dans lequel ont été déversés des insecticides, ont vu la taille de leur pénis réduite au point de compromettre leur reproduction.

Dans son éditorial, Dominique Quinio, journaliste de La Croix, souligne les conséquences humaines et économiques de cette baisse de la fertilité, "d'abord pour les couples qui y sont douloureusement confrontés et font de plus en plus souvent appel aux techniques médicales d'aide à la procréation" et "ensuite parce que ces techniques ont un coût élevé" et que "les différents modes de procréation "assistée" entraînent des questionnements éthiques nouveaux et complexes, en bouleversant les règles habituelles de la filiation"...

Au premier rang du banc des accusés on trouve de nombreuses substances chimiques présentes dans notre environnement, liées à notre mode de vie, et dont certaines agissent comme des "perturbateurs endocriniens" c'est-à-dire qui perturbent les fonctions endocriniennes cruciales pour la formation et la santé de l'appareil reproducteur. Certaines de ces molécules pourraient même agir in utero sur l'embryon. Dans une interview accordée au Monde, Alfred Spira, directeur de l'Institut de recherche en santé publique, montre en particulier du doigt les pilules contraceptives : "les usines de traitement des eaux ne captent pas les produits de dégradation de médicaments ayant des effets œstrogéniques ou antiandrogènes, à commencer par les pilules anticonceptionnelles".

Si, selon Alfred Spira, "la première cause des problèmes d'infertilité reste l'âge tardif du désir de procréation", reste que "la baisse de la production spermatique pourrait faire craindre une augmentation des cas de stérilité". Il attire l'attention sur la pollution chimique mais aussi sur nos modes de vie, le stress, l'alimentation, la diminution de l'exercice physique et le tabac. Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, souligne elle aussi "la susceptibilité inquiétante à notre environnement" et l'importance d'en informer le grand public, tout en reconnaissant que "l'humanité n'est pas menacée dans l'immédiat".

Rappelons l'entrée en application de la procédure européenne Reach en juin 2007 qui oblige les entreprises européennes à enregistrer, d'ici à 2018, les produits qu'elles utilisent ou commercialisent auprès de l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) et à évaluer leurs risques sanitaires et environnementaux. Actuellement, sur 100 000 substances commercialisées en Europe, seules 3 000 produites après 1981 ont fait l'objet d'études sanitaires.

La chaîne de télévision Arte diffuse ce soir à 21 heures une enquête sur ce sujet intitulée "Mâles en péril".

Source

Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes

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