Le gouvernement lance une campagne pour "briser le silence" face à ces violences qui touchent des dizaines de milliers de fillettes et de femmes dans l'Hexagone
Il y a cette main rouge à laquelle on veut passer une alliance en fil de fer barbelé. Il y a aussi cette lame de rasoir, rouge. Les deux objets sont entourés et barrés de noir. Le gouvernement a lancé mardi une nouvelle campagne pour "briser le silence" des violences faites aux femmes, en particulier les mariages forcés et les mutilations sexuelles. La France, a rappelé la secrétaire d'Etat à la Solidarité, Valérie Létard compte sur son territoire environ 55.000 femmes excisées. Le nombre de jeunes filles menacées de mariage forcé en Ile-de-France et dans six départements est d'environ 70.000.
Deux brochures - Combattre les mariages forcés, et Combattre l'excision, ont été éditées par le gouvernement. "Dans les deux cas, ni la tradition ni la coutume ne peuvent justifier une telle remise en cause des droits fondamentaux", a déclaré Valérie Létard.
"Il y a beaucoup de pression"
La distribution de 100.000 brochures s'accompagnera d'une campagne d'affichage. Les femmes qui se sentent en danger peuvent aussi consulter un site internet stop-violences-femmes.gouv.fr. "Il faut dire aux jeunes filles qu'elles ne sont pas seules, leur donner des outils, des contacts utiles, leur dire que leur entourage - un professeur, une assistante sociale, une association spécialisée - peut les accompagner, les orienter et même les protéger", a expliqué Valérie Létard.
Pour Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis, ces campagnes ont leur utilité pour faire évoluer les mentalités. "Quand il y a des campagnes de prévention, les filles parlent plus, il y a une prise de conscience plus forte de la part des jeunes filles et de la société tout entière", a-t-elle déclaré sur France Info. Pour mieux lutter contre les mariages forcés, elle réclame "une politique nationale concertée qui permette à l'ensemble des professionnels de connaître les moyens de lutte notamment en ce qui concerne l'hébergement, pour qu'une fille à un moment donné, pour une durée peut-être limitée, puisse partir de chez elle".
Khady Koita, présidente du réseau européen pour la prévention et l'éradication des mutilations génitales féminines, voit elle aussi les mentalités évoluer peu à peu. "Ces dernières années, les réactions ont été plus positives. Beaucoup de parents disent désormais 'je ne le fais plus mais le problème c'est quand je retourne en Afrique, il y a beaucoup de pression'", a-t-elle raconté en marge de la conférence de presse de Valérie Létard. En France, la lutte contre les mariages forcés a été renforcée par la loi d'avril 2006 qui a porté à 18 ans l'âge minimum pour se marier. Le viol conjugal est inscrit dans le Code pénal et le vol des papiers par l'époux est considéré comme un délit.
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