Friday, February 27, 2009
Le 8 mars la Journée de la femme, le 7 celle des intersexes?
Probablement parce que j'ai mauvais genre, j'ai reçu il y a quelques jours un courriel qui commençait ainsi:
"Appel à une marche le 7 mars à Paris des nanas exclues des 'cérémonies officielles' féministes du 8"
Qui sont ces femmes exclues des "cérémonies officielles"? En lisant le manifeste, il y a clairement les "trop basanées", les femmes sans-papiers, les "trop putes", bref les femmes qui accumulent les stigmates et ne se reconnaissent pas dans celles du 8 mars, car leurs revendications sont plus larges.
Mais le manifeste concerne également, et c'est là-dessus que je vais me pencher aujourd'hui, "les insurgéEs contre leur sexe, leur genre, leur destin obligatoire: de l’assignation forcée des intersexes par mutilations génitales, de la psychiatrisation des trans’, du viol des lesbiennes".
Autrement dit, le 8 mars serait la journée consensuelle des femmes hétérosexuelles, normales tout ça. Et le 7 mars celle des gens qui sont peut-être femmes mais pas forcément dans le sens habituel du terme, soit parce qu'elles sont marginalisées, soit parce qu'elles ne sont pas hétérosexuelles, soit parce qu'elles n'ont pas tous les attributs féminins.
Ainsi un ami et néanmoins lecteur qui se reconnaitra me disait après l'ablation d'un sein de sa compagne suite à un cancer que: "certains se demandaient si on était encore une femme lorsqu'il manquait un sein; il y a quand même des gens pour considérer qu'être une femme c'est avoir deux seins ou pouvoir procréer" et il s'insurgeait: " et les femmes stériles, ce sont quoi?".
Regardons cela d'un peu plus près
Il existe des gens dits "intersexes" dont le sexe est à la fois mâle et femelle. D'après la revue "Nouvelles questions féministes", entre 1,7% et 4% des êtres humains sont concernés! Beaucoup plus que ce qu'on imagine (peut-être une personne sur 25!).
Cela peut-être suite à une volonté de changer de sexe. On les appelle alors les "trans", qui peuvent vouloir passer de mâle à femelle, on parle de mtf (male to female en anglais), ou de femelle à mâle (ftm).
Cela peut-être également directement biologique. Le phénomène d'ambiguité sexuelle le plus connu et le plus courant (1 homme sur 500!) est le syndrôme de Klinefelter qui a donné lieu au très beau film XXY.
Alors évidemment, vu que dès que quelque chose ressemblant à un pénis existe à la naissance, la personne est indiquée "garçon" sur sa carte d'identité, les "femmes intersexes" sont peu nombreuses.
Pour Colette Chiland (médecin, psychologue et philosophe qui s'est intéressée à la transexualité), on trouve 0,228% des cas d'intersexués où l'assignation du sexe féminin se fait sans que toutes les caractéristiques biologiques du sexe féminin soient présentes avec un mélange caractéristiques des deux sexes.
Une journée du 6 mars pour les hommes hétéros
J'ai bien l'intention de vous en dire plus prochainement sur la sexualité des intersexes, dont certain-e-s, sont des fantasmes à elles seules et parce que j'ai récemment rencontré un trans ftm qui m'a montré son pénis tout nouveau tout beau, et que c'est surprenant.
En attendant, je vous propose de créer la journée du 6 mars pour les hommes hétéros, parce que la discrimination qu'ils subissent en étant la seule catégorie de genre et de sexualité à n'avoir pas leur gay pride, leur journée de la femme hétéro ou leur journée de la femme lesbienne, sans papier ou intersexe, est dégueulasse et je les défendrais!
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Une transexuelle peut-elle faire du sport dans une équipe féminine?
► Tous les articles sur le féminisme
Ailleurs sur le Web
► Le syndrome de Klinefelter, sur Orpha.net
► Le site des Nouvelles questions féministes
Source:
http://www.rue89.com/rue69/2009/02/27/le-8-mars-la-journee-de-la-femme-le-7-celle-des-intersexes
Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes
Thursday, February 26, 2009
A Beyrouth, des militants s’opposent à l’homophobie
BEYROUTH, Par Stéphanie Aouniloubnan.info - Le 24 février 2009
En signe d’opposition à la violence qui sévit au sein de la société libanaise contre certaines minorités, et notamment la communauté homosexuelle, l’ONG Helem a organisé un sit-in le 22 février à Beyrouth, avec plusieurs autres associations locales de défense des droits de l’homme. Cette manifestation, inhabituelle dans la région, fait notamment suite à la violente agression publique de deux personnes « soupçonnées d’homosexualité », survenue dans la capitale libanaise le mois dernier.
« La sexualité humaine est variée ». Le slogan, inhabituel au Liban comme dans le monde arabe, est inscrit sur une affiche brandie ce dimanche 22 février à Sodeco (Beyrouth) par des civils militant contre les discriminations sexuelles. Ils se sont rassemblés ici le temps d’une manifestation contre la violence qui s’exerce au Liban contre certaines minorités, notamment à la communauté homosexuelle (mais aussi les femmes, les enfants ou encore les domestiques venant de l’étrangers). Le sit-in est organisé par l’ONG libanaise Helem, en collaboration avec d’autres associations actives dans la société civile locale en matière de lutte pour les droits de l'homme (KAFA, SIDC, MASSAR, ALEF, HRW, TYMAT et le Mouvement Social). Helem est une organisation libanaise non gouvernementale, à but non lucratif, dont l’objectif est de protéger au Liban les communautés LGBTIQ (lesbienne, gay, bisexuelle, transsexuelle, hermaphrodite et « Queer »), en leur apportant son soutien et en sensibilisant la société à leur réalité. La manifestation n’a attiré que peu de monde. En ce jour pluvieux, éclairé par les banderoles et bannières aux couleurs de l’arc-en-ciel (identité visuelle de la communauté gay), ils ne sont qu’une petite centaine à s’être rassemblés à Sodeco. L’événement a cependant attiré bon nombre de journalistes et de photographes venus d’un peu partout au Liban. Les manifestants réclament la suppression de l'article 534 du code pénal libanais, qui criminalise « les rapports sexuels anormaux », considérés comme un comportement inhérent à l'homosexualité. L’article stipule que « la peine relative à tout rapport sexuel contre nature peut atteindre un an de prison ».
Crédit photo: Greg Demarque
Novateur dans la région, ce rassemblement fait notamment suite à un incident survenu place Sassine, en plein quartier chrétien de Beyrouth, quelques semaines auparavant : plusieurs personnes avaient attaqué deux hommes, en les battant jusqu’au sang, à coups de poing, de pieds et de bâtons, sous prétexte qu’ils avaient été « soupçonnés de relations homosexuelles » après avoir été surpris dans une situation ambiguë, à l’entrée d’un immeuble en cours de construction.Shady, 25 ans, activiste à Helem et participant à ce sit-in, considère que ce rassemblement vise principalement à prouver à la société libanaise qu'ils (les homosexuels) « existent » et devraient donc « avoir des droits ». Il ajoute : « Je viens de révéler mon homosexualité à ma famille, et ils n’ont pas été réceptifs du tout. Je suis ici aujourd'hui pour réclamer ma liberté et mon droit à mener une vie normale dans ce pays, quelle que soit mon identité sexuelle ». Un autre homme, 52 ans, est venu au sit-in accompagné de ses deux enfants, adolescents. Il explique: « Je suis contre toute sorte de violence. C'est pourquoi je suis venu avec mes enfants, aujourd'hui, pour partager cette manifestation avec eux et pour qu’ils comprennent que l'agression n'est jamais la bonne solution, même si malheureusement elle est omniprésente autour de nous aujourd'hui ».Dans un magasin tout proche des lieux du sit-in, deux ouvriers, l’un syrien, l’autre égyptien, affirment se sentir concernés par ce rassemblement, en tant que membre de la communauté des travailleurs étrangers. L'ouvrier égyptien ajoute cependant qu’il se positionne contre l'homosexualité pour des raisons religieuses. Et ajoute que le gouvernement devrait aider ces personnes « à retrouver sur le bon chemin ».
Le 7 mars : Féministes partout !
Parce qu’il existe pour la majorité des gens toujours deux classes distinctes, les femmes et les hommes, et qu’il vaut mieux appartenir à la seconde qu’à la première. Parce que nous revendiquons d’avoir le choix : de notre sexe, de notre genre, de notre sexualité. Parce que nous désirons que les femmes, et touTEs leurs alliéEs, puissent s’approprier leur corps et ses représentations, sans devoir se conformer aux injonctions de normes oppressantes, réductrices et stéréotypées, véhiculées dans tous les domaines.
Parce qu’il existe mille façons de faire rentrer dans le « droit chemin » les insurgéEs contre leur sexe, leur genre, leur destin obligatoire : de l’assignation forcée des intersexes par mutilations génitales, au viol de représailles contre les lesbiennes ; de la psychiatrisation des trans’, aux violences masculines les plus régulières - en France, tous les trois jours, une femme est assassinée par l’homme avec qui elle vit.
Parce que notre santé passe en dernier, parce que le droit des femmes à disposer de leur corps est sans cesse remis en question, comme le montre la récente remise en cause du financement public du Planning familial et de nombreuses autres associations d’éducation populaire, parce que le savoir gynécologique est accaparé par les médecins, la contraception pas toujours remboursée, le droit à l’IVG menacé sous l’influence de l’Église catholique. Parce que, partout, les institutions qui exercent un pouvoir au nom de la religion ou d’une autorité morale ou politique prétendent toujours contrôler nos corps.
Parce que nous sommes largement touchées par le VIH, discriminées dans les essais par les labos qui ne prennent pas en compte notre métabolisme spécifique, parce que nous n’avons pas le même accès à des traitements de qualité, parce que nous sommes négligées dans les campagnes de prévention publiques, parce que, précarisées, nous sommes particulièrement touchées par les attaques contre la Sécurité Sociale, et notamment par l’instauration des franchises, ou par la remise en cause de l’hôpital public.
Parce que nous sommes précaires et trop souvent à temps partiel sans l’avoir choisi, que nous sommes toujours moins payées que les hommes à travail égal et à qualifications égales, et que nous effectuons l’immense majorité du travail gratuit appelé « travail domestique ». Parce que nous sommes les premières à payer la crise et le démantèlement des services publics. Parce que, malgré les lois et les effets d’annonce, le domaine public et politique nous reste toujours largement fermé.
Parce qu’en tant que femmes racialisées, nous luttons dans tous les domaines contre cette double oppression raciste et sexiste. Parce que la logique du racisme s’attaque directement à notre droit à disposer librement de notre corps. Parce qu’elle opère par exclusion, comme la loi sur le port de signes religieux à l’école qui prétend nous « protéger » - en particulier les filles musulmanes - et en fait contribue à nous stigmatiser, à nous enfermer dans le statut de « victimes » et à nous marginaliser.
Parce que, sans papiers, nous souffrons tout à la fois de la précarité, de la politique raciste du gouvernement français, des remises en cause du droit au regroupement familial, de l’intensification des interpellations policières. Parce que ce climat répressif nous éloigne encore davantage de l’accès aux soins. Parce qu’en tant que prostituéEs, nous sommes mépriséEs, harceléEs et criminaliséEs par la loi sur la sécurité intérieure (LSI) de 2003. Parce que le délit de racolage passif accroît notre précarité et notre clandestinité et que nous ne pouvons pas exercer notre activité dans des conditions décentes et qui nous protègent.
Pour un féminisme qui refuse de voir son discours récupéré à des fins racistes, qui sache se démultiplier, concevoir l’émancipation sous toutes ses formes, un féminisme offensif qui lutte pleinement contre le système patriarcal et toutes les oppressions, qu’elles soient de classe, sexiste, raciste ou liées à la sexualité, un féminisme qui se revendique aussi des féminismes non-blancs, trans’ et lesbiens.
samedi 7 mars 2 0 0 9Manifestation suivie d’une Fêtedépart République à 16h
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Plus d’infos sur http://www.feministespartout.blogspot.com/
À l’appel de : Alternative Libertaire, Atelier de lectures féministes (cip-idf), CFPE (Collectif des Féministes Pour l’Égalité), Droits et prostitution, Étudions Gayment, collectif Langues de putes, collectif Les mots sont importants, Mix-Cité Paris, Les Panthères roses, Pari-T, les Putes, le Torchon brûle toujours, les TumulTueuses
Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes
Wednesday, February 25, 2009
Friday, February 20, 2009
Du genre au sexe ou comment la hiérarchie précède les catégories
Il existe des mécanismes puissants d’intégration des normes associées à chaque sexe. La construction des catégories de sexe est au centre même des enjeux qui légitiment l’appropriation de ces lieux de pouvoir. Nous allons tenter d’interroger la relation entre la domination des hommes sur les femmes et la construction du genre. Il sera d’abord question de comprendre quelques ressorts sociaux et psychologiques de la domination, dans son rapport à la catégorisation sexuelle. On abordera ensuite, la question même du rapport entre le genre (le « sexe social »), le sexe biologique (considéré comme premier), et la question du pouvoir.
Stéréotypes et représentations
Si les catégories de sexe sont des constructions qui permettent le fonctionnement inégalitaire de la société, elles sont mouvantes, malléables, et peuvent subir des décalages d’une culture ou d’une période à l’autre. Chez les Tchambulis étudiés par Margaret Mead (2), les hommes prêtent une grande attention aux soins du corps et à la coquetterie alors que les femmes doivent être rudes et fortes pour être efficaces dans la gestion des richesses sociales.
Pourtant, ces recompositions existent aussi au sein d’une même société. Daniel Welzer-Lang nomme cela la « recomposition de la domination masculine ». Comment peut-on l’expliquer ? Il est possible d’avancer le maintien de l’ordre social en place, mais il est plus intéressant de se pencher sur les mécaniques cognitives qui peuvent entrer en action au niveau individuel.
Les stéréotypes sont une ressource automatique pour les individus. Intégrés depuis le plus jeune âge, ils sont inscrits profondément en mémoire et peuvent être activés facilement, indépendamment des croyances et des attitudes propres à chaque individu-e.
Des études prouvent que le racisme est un processus automatique déclenché au moment même de la catégorisation. Plusieurs expériences ont montré que des sujets opposés aux préjugés racistes, soumis expérimentalement à un bombardement d’éléments appartenant à des stéréotypes racistes, ont des réponses proches de celles des sujets affirmant leurs préjugés racistes. Un certain « racisme implicite » se manifeste. Il produit, sans volonté consciente de la part des individus, des réponses conformes au stéréotype, dès lors que le contenu de ce stéréotype est activé en mémoire (3). Il faut donc distinguer les croyances des stéréotypes, ces derniers se manifestant indépendamment du contenu conscient des croyances. De même, les étiquettes liées au sexe activent inévitablement un réseau d’inférences définies. On peut définir le genre comme un produit sociocognitif, lié aux idéologies relatives à la féminité et à la masculinité, participant elles-mêmes au maintien d’un ordre social donné. Autrement dit, on peut très bien s’affirmer contre le sexisme, sans que cela n’influe sur nos comportements, ceux-ci étant régis par l’activation de stéréotypes qui façonnent notre rapport au monde. Aucun antisexisme n’est imaginable sans une remise en question et un travail sur ses représentations propres.
Il est patent que les catégories de sexe sont des leviers indispensables dans l’exercice de la domination, aux niveaux social et individuel. D’un point de vue social, l’assimilation androcentrée est au centre du pouvoir masculin (dans le droit et le langage courant) : les catégories de sexe génèrent et permettent la différenciation des traitements et des constructions. D’un point de vue plus individuel ou « psychologique », les catégories de sexe (comme pour les préjugés racistes) sont le mécanisme même qui construit les stéréotypes activés dans chaque interaction sociale.
Pouvoir, hiérarchie et genre
Le genre ne recoupe pas systématiquement le sexe : il est possible d’être de genre masculin tout en étant de sexe féminin et inversement. On peut dire d’un homme qu’il est effeminé, ou d’une femme qu’elle est masculine ; et les drag-queens, drag-kings et autres travesti-es en sont un exemple caricatural.
Quels sont les déterminants qui régissent les relations de genre ? Des expériences ont été effectuées sur des femmes situées à des positions hiérarchiques différentes et travaillant dans des secteurs masculins ou féminins, à partir d’un questionnaire censé fournir un « score » de féminité et de masculinité (4). La relation entre pouvoir et genre semble elle aussi déterminante, au même titre que celle entre sexe et genre. Les travailleuses élevées hiérarchiquement ont plus tendance à mettre en avant des comportements dits masculins, et inversement pour les individus situés plus bas sur l’échelle du pouvoir.
Les mécanismes d’apprentissage des catégories de sexe peuvent nous éclairer davantage sur cette question. Pour accéder à ce que Daniel Welzer-Lang nomme la « Maison des hommes » (5), il faut montrer des signes de différenciation par rapport aux femmes. La construction et l’apprentissage des codes virils et de la violence (contre soi, contre d’autres hommes, contre les femmes) s’opère en opposition hiérarchique avec le féminin. Ainsi, les hommes fragiles, efféminés, qui refusent de se battre ou en sont incapables, sont symboliquement relégués dans le groupe des femmes et des dominés, et traités en conséquence. Le fameux « quelle femmelette ! », suprême insulte pour un homme, prend alors tout son sens. Les agressions contre les homosexuels (au masculin) ou hommes déviant de la norme masculine viennent souder la communauté masculine qui prend alors sa force. On constate donc que la domination et l’exclusion sont fondatrices de la construction des catégories de sexe : ce que met en valeur la « Maison des hommes », c’est que l’identité masculine se construit en opposition aux femmes et aux hommes dominés. Ici, la hiérarchie précède et génère la catégorisation.
Questionner les relations entre sexe, genre et pouvoir, c’est alors interroger les enjeux de la construction des genres. Maurice Godelier, anthropologue, écrit sur la peuplade des Baruya, une population de Nouvelle-Guinée, que leurs mythes fondateurs sont révélateurs des enjeux associés à la construction des catégories de sexe, et qu’il s’agit d’enjeux de pouvoir (6). Plaçant l’homme dans un rôle englobant celui de la femme, ils lui confèrent un rôle créateur. Il y a là un mécanisme qui exacerbe les facultés des hommes et dépossède les femmes Baruya de certaines des leurs au point de les rendre entièrement tributaires des hommes pour la majeure partie de leurs activités. On peut y voir plus directement un mécanisme révélateur des constructions de genre. Une opération de catégorisation-hiérarchisation comme celle-ci n’est possible que si elle porte sur des classes d’objets comparables : elle présuppose donc la création d’une différence par séparation au sein d’un ensemble homogène. C’est cette opération de différenciation par opposition qui participe de la hiérarchisation. On peut ainsi dire qu’au sein de l’humanité, il existe des humains d’une « autre sorte », ce qui prédispose bien évidemment à les considérer comme une sous-classe d’humains et donc à terme, une classe de sous-humains. La hiérarchisation et la catégorisation semblent donc intrinsèquement liées.
Le genre précède le sexe
Comment penser le genre par rapport au sexe, et le genre par rapport au pouvoir, à la domination ? Christine Delphy met au jour, dans un ouvrage remarquable (8), le présupposé qui fait du sexe une donnée première et immuable, sur lequel le genre serait accolé. Pour le dire autrement, elle dément l’antécédence du sexe sur le genre, et pose la précédence du genre sur le sexe. C’est-à-dire que le sexe (homme/femme) n’existe que parce que la société le construit en tant que tel à partir du genre (masculin/féminin). Pour être encore plus provocateur, on pourrait dire que la différence biologique ne rentre pas en compte dans la catégorisation de l’humanité entre hommes et femmes, et donc bien sûr dans la domination des hommes sur les femmes. Cette position apparemment contraire à tout ce que l’on perçoit au quotidien (la différence des corps, des cycles biologiques, la reproduction…) n’est en réalité pas si incroyable, pour peu qu’on prenne le temps de l’étudier. Il ne s’agit pas de nier le fait que des différences biologiques existent, mais simplement de refuser le fait qu’elles participent à une catégorisation. Pour reprendre un exemple simple, il existe des différences perceptibles de couleur de yeux. Pourtant, cela n’implique aucune différenciation sociale (d’ampleur). Car si la société était organisée autour de la notion de couleur des yeux, toutes les habitudes sociales seraient construites pour que cette différence apparaisse significative, et tout le monde considérerait comme impossible que la couleur des yeux n’influe pas sur le caractère, dans la mesure où on apprendrait depuis l’enfance aux personnes aux yeux marrons à être gentilles, passives… et aux personnes aux yeux bleus à être agressives, violentes… Encore une fois, il ne s’agit pas de nier les différences entre corps mâles et femelles, mais de signifier qu’il n’y a pas d’autre facteur que la domination des hommes sur les femmes qui puisse justifier la séparation de l’humanité en deux groupes distincts. Dire par exemple que la domination existe parce que les hommes seraient plus forts que les femmes, c’est déjà légitimer la domination, car cela implique qu’il serait normal qu’il y ait un lien direct entre une caractéristique physiologique et des habitudes sociales. Or de nombreux exemples nous montrent qu’il peut en être autrement : les hommes d’âge moyen sont sans doute plus forts physiquement que les hommes d’âge mûr, pourtant il n’y a aucune domination sociale des premiers sur les seconds (ce serait même plutôt le contraire…).
Il faut préciser que la perception du monde contemporain est limitée par le prisme masculin/féminin, et que ces catégories arbitrairement construites ne sont pas justifiées d’un point de vue biologique, dans la mesure où il n’y a pas de rupture mais un continuum qui part des hommes les plus physiologiquement masculins, jusqu’aux femmes les plus physiologiquement féminines, en passant par un entre-deux où la définition n’est pas si simple. Entre-deux qui prouve justement que les catégories homme/femme n’existent pas telles quelles dans la nature. Ceux ou celles que l’on nomme hermaphrodites (9) ne sont rien d’autre que des individu-es qui ne rentrent pas dans les catégories socialement constituées (deux possibilités identitaires seulement épuisent l’ensemble des traits humains). La science même ne parvient pas à trouver le marqueur génétique qui permet d’expliquer le sexe (10). Après avoir longtemps cru que le chromosome Y était responsable de la masculinité physiologique, certains individus mâles ont été révélés comme étant de caryotype XX et des individus femelles comme étant de caryotype XY. L’attention fut alors reportée vers un antigène du chromosome Y, l’antigène HY. Mais encore une fois, des contre-exemples infirmèrent son rôle discriminant dans la différenciation sexuelle. Enfin, les études se portèrent sur deux gènes (ZFY et SRY), dont le rôle fut aussi relativisé après coup. On peut alors considérer ces échecs (relatifs) de deux façons. Ou bien la science génétique n’est pas encore suffisamment aboutie et il sera un jour trouvé le véritable discriminant sexuel, ou bien ce que l’on perçoit comme étant le sexe n’est rien d’autre qu’un ensemble de facteurs qui n’existe pas en tant que tel dans la nature. C’est-à-dire que la génétique s’évertuerait à trouver la source d’une différence biologique qui n’est significative que dans nos représentations sociales. Encore une fois, cela ne revient pas à nier les différences physiologiques qui peuvent exister entre individu-es, mais simplement à considérer qu’une catégorisation binaire n’est ni évidente, ni indispensable, ni même justifiée par un quelconque recours à la biologie.
Ceci semble aller dans le sens d’une définition du genre comme précédant le sexe : la seule façon satisfaisante d’expliquer les catégories de sexe en appelle à la notion de genre, et que la seule façon satisfaisante d’expliquer la construction du genre en appelle à la notion de hiérarchie et de pouvoir. Le genre, système binaire, serait alors produit par le pouvoir et la domination, et serait à l’origine du concept de sexe. Le pouvoir crée le genre qui crée le sexe. Pour imaginer une telle approche qui peut sembler incroyable à première vue, il suffit de la reporter sur la question du racisme, où des cohortes de scientifiques se sont évertué-es à expliquer les différences biologiques entre noirs et blancs qui n’étaient dues qu’à des mécanismes sociaux de reproduction de la domination. De la même manière, les métis (tout comme les hermaphrodites aujourd’hui) étaient alors parias car ils-elles ne pouvaient entrer dans aucune des catégories issues des représentations sociales : ils-elles n’étaient ni noirs ni blancs.
En définitive, le principe organisateur de la catégorisation de sexe semble bien être celui qui sous-tend la construction du système du genre : le rapport de domination des hommes sur les femmes. Englobement, assimilation, invisibilisation, « complémentarité », hiérarchisation, tensions, telles sont les relations instaurées par la construction du masculin et du féminin, qui rendent possible et créent les inégalités de sexe. Comme le décrit Marie-France Pichevin, la mécanique sexiste prend ses racines dans la structure sociale inégalitaire, et celle-ci lui confère donc le pouvoir de la pérenniser (11) : non seulement en structurant les individu-es selon des normes précises, mais aussi en inculquant la structure même des outils qui leur permettent de percevoir le monde.
Le questionnement sur soi et le monde qui nous entoure est donc la condition nécessaire d’un changement. La vigilance sur ses propres attitudes et son quotidien, ou la discussion en non-mixité (ainsi que tout autre manière de prendre conscience et de déconstruire les carcans dans lesquels on veut nous faire vivre) sont des moyens pour permettre à chacun de tenter de s’épanouir et de se développer à l’écart des diktats genrés de la société actuelle. Volonté qui ne peut qu’apparaître subversive étant donné que les inégalités actuelles sont la fange sur laquelle fleurit l’ordre social moderne. « Jamais on a observé dans l’histoire qu’un groupe social dominant abandonne ses privilèges sans une lutte acharnée et sans l’établissement d’un rapport de force de la part du groupe dominé » (12), la déconstruction des genres est l’affaire de toutes et tous.
Aux discours parlementaires sur une pseudo-égalité (de fait) qui permettent de masquer les inégalités, opposons une inégalité (de fait) afin d’initier une véritable lutte, tant personnelle que sociale. Il faut révéler les discours lénifiants sur la parité comme autant de tentatives pour légitimer l’exercice d’un pouvoir. Et là où ce pouvoir s’exerce sur nous, dans la rue, les institutions, en famille ou au travail, refusons la soumission et organisons la résistance. La volonté de changement, l’organisation et la prise de conscience ne doivent pas être l’apanage d’une minorité.
Pour reprendre un slogan féministe qui devrait être plus que jamais au goût du jour, « ne me libère pas, je m’en charge ».
NOTES
(1) M. Godelier, La production des grands hommes : pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée, Fayard.
(2) Margaret Mead, « Mœurs et sexualité en Océanie », Plon.
(3) P. G. Devine, “Stereotypes and Prejudice : Their Automatic an Controlled Components”, Journal of Personality and Social Psychology, vol. 56.
(4) A. Durand-Delvigne, “Pouvoir et genre”, in La place des femmes, La Découverte.
(5) D. Welzer-Lang, “Les transgressions sociales des définitions de la masculinité”, in « La place des femmes », La Découverte.
(6) M. Godelier, La production des grands hommes : pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée, Fayard.
(8) Christine Delphy, « L’ennemi principal, T. 2 : Penser le genre », Syllepse.
(9) Il existe de nombreux cas, recensés cliniquement, d’hermaphrodisme, notamment celui présenté par Michel Foucault : « Herculine Barbin, dite Alexina B. », Gallimard Folio.
(10) Evelyne Peyre, Joëlle Wiels et Michèle Fonton, « Sexe biologique et sexe social », in « Sexe et genre », CNRS éditions.
(11) M.-F. Pichevin, “A New Look Essentialism”, Recent Trends in Theoretical Psychology, vol. 4.
(12) B. Marques-Pereira, “Représentation du genre ? Genre de la représentation”, in La place des femmes, La Découverte.
Oeuvres artistiques de Joëlle-Circé Laramée, Vice-présidente de l'OII
Je dessine depuis mon enfance. La ligne, les formes et les couleurs sont mes outils pour communiquer avec le monde extérieur, cela est simplement mon approche envers la vie. Étant une femme intersex/transsexuelle m'a très certainement influencer comme artiste, mon corps et ce qu'il a subit a aussi beaucoup influencer comment je perçois mon environement et la vie en général. Je pense que ces dernières années m'ont rendue plus forte et plus ouverte aux autres, plus désireuse d'explorer les émotions, les états d'êtres, qui nous sommes.
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Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes
Thursday, February 19, 2009
Queer Attaque par Cris Yaves
Malgré la prétendue évidence de la binarité des "sexes" et toute la coercition éducative, psychologique, politique, policière... il a toujours existé des personnes non-conformes à la norme sexiste.
Ces identités alternatives ne sont pas moins valables que les deux seuls models imposés d'autorité. La non-conformité à la norme révèle, non une anomalie des personnes en question, mais la contingence de la norme injustifiable.
Il est temps d'arrêter d'assigner un genre, un rôle, une attirance en fonction du sexe de naissance. Il est temps de laisser libres les personnes de développer et affirmer la personnalité qui leur correspond indépendamment de leur sexe.
Monday, February 16, 2009
La page web que K. Zucker essaye de supprimer
Copyright © Lynn Conway 2009. All rights reserved
First posted 2-03-09 [V 2-10-09]
K. Zucker cherche à supprimer le bulletin d'informations trans de Lynn Conway
La malhonnêteté dans les falsifications de la lettre de Jacobsen
Le moment et le contexte de l’attaque
Défendre la liberté d’expression de Lynn Conway
K. Zucker cherche à supprimer les "news" trans de Lynn Conway :
Sur son site auprès de l’Université de Michigan [1] Lynn Conway entretient un bulletin d'informations [2] qui donne un accès régulier aux informations qui intéressent les communautés trans. Chaque jour Lynn Conway reçoit et publie des liens aux dernières "news", souvent en incluant de brèves citations de l’article pour donner une indication sur les contenus aux lecteurs.
Le 30 janvier 2009, Lynn reçoit [3] par mail une lettre de Peter M. Jacobsen, un avocat qui représente Dr. Ken Zucker du “Centre for Addiction and Mental Health” (CAMH, appelé aussi The Clarke Institute) à l’Université de Toronto. Apparemment, la lettre a aussi été envoyée à l’avocat représentant les usagers des technologies de l’information de l’Université de Michigan, dans le but d’interrompre le travail de publication de "news" de Lynn, pour la discréditer auprès de ses collègues et de la hiérarchie de l’université.
La lettre de Jacobsen est publiée sous ce lien. Lynn y est menacée de suites juridiques pour diffamation:
“Votre site contient des allégations diffamatoires d’actes criminels et d’abus sexuels qui auraient été commis par le Dr. Zucker. Ces allégations dépassent très clairement les limites de la liberté d’expression de ce qu’on peut dire en public…. Sachez que nous avons aussi notifié ces diffamations à l’avocat des usagers des technologies de l’information de l’Université de Michigan. . . Veuillez confirmer immédiatement la réception de cette notification de diffamation et faites nous savoir ce que vous avez entrepris pour supprimer ces textes diffamatoires de votre site.” – Peter M. Jacobsen, représentant du CAMH et de K. Zucker
Dans sa lettre, Jacobsen cite les nouvelles publiées par Lynn comme preuve à l’appui des accusations de K. Zucker pour diffamation:
"Je suis sûre que beaucoup de personnes intersexuées savent que l’APA a sorti une petite publication sur l’intersexualité. Je suis par contre moins sûre que tout le monde comprenne combien l’association de noms tels que Margaret Schneider, Walter O. Bockting, Randall D. Ehrbar, Anne A. Lawrence, Katherine Louise Rachlin et Kenneth J. Zucker est problématique pour les personnes intersexuées. De prime abord, cette publication semble inoffensive. Mais c’est justement ce qui est très malin, car c’est pour la clique de Clarke/Northwestern une façon de mettre son pied dans le "camp" des intersexes afin de s’y introduire complètement plus tard."
On voit tout de suite que dans ce bulletin d'information, il n’y a aucune “accusation d’actes criminels et d’abus sexuels par le Dr. Zucker", comme on ne trouvera pas d’accusations de ce type ailleurs sur le site de Lynn.
A moins d’avoir la lettre de Me Jacobsen sous les yeux, on n’imagine pas qu’elle puisse contenir une si grossière falsification des faits. Par conséquent, la première impression est que Lynn Conway doit avoir proféré de telles accusations.
Nous tenons à avertir nos lecteurs et nous cherchons leur soutien afin de maintenir la liberté d’expressions de Lynn Conway contre cette grossière tentative de réduire ou de supprimer sa liberté d’expression.
La malhonnêteté dans les falsifications de la lettre de Me Jacobsen
Après avoir soutenu que les allégations contre K. Zucker sont dans les nouvelles de Lynn (ce qui n’est pas le cas), Jacobsen retourne les cartes sur la table. Plus loin il dit que ces allégations sont en fait sur un autre site sur lequel Lynn a simplement posé un lien – plus particulièrement la page web de l’Organisation Intersex International (OII) [4].
Ce faisant, Jacobsen fait croire que les liens croisés sont à considérer au même titre qu’une inclusion de contenus dans un site, ceci bien que la jurisprudence Canadienne dise le contraire (voir Crookes v Wikimedia) [5].
Toutefois, même cette vision des choses de Me Jacobsen est très discutable, car ce site de OII's ne profère pas d’accusation contre K. Zucker. Il informe simplement que des accusations ont été reçues précédemment par le personnel de OII d’une tierce personne et qu’elles ont été transmises aux autorités Canadiennes.
Comme les lecteurs ont de la peine à suivre la logique juridique spécieuse de Me Jacobsen et s’ils cliquent de site en site pour comprendre ce que cela peut vouloir dire, ils peuvent facilement perdre le Nord et croire que ce dernier sait de quoi il parle. C’est l’effet bien connu du « gros mensonge » qui s’applique ici : Plus c’est gros, plus il est probable que les gens vont le croire.
Quelles sont les motivations probables de K. Zucker pour s’attaquer à la liberté d’expression de Lynn?
Pourquoi Me Jacobsen fait-il des fausses accusations? K. Zucker serait-il fâché que le site de Lynn contienne des rapports de recherche [6] et des liens sur des articles dans les média qui sont défavorables à K. Zucker et au CAMH – rapports comme ceux sur U. S. National Public Radio [7] et dans le Torontoist [8] qui ont clairement montré le Dr Zucker comme responsable d’une clinique qui « pratique des thérapies de conversion » (explicitement dénoncées comme contraires à toutes les normes déontologiques les plus fondamentales par l’association américaine des psychologues et par celle des psychiatres, ndt) sur les enfants qui présentent une expression de genre atypique?
Si c’est le cas, il vaut la peine de prendre conscience que les nouvelles de Lynn mettent des liens sur beaucoup d’articles de ou sur le Dr Zucker et ses collègues, articles qui sont extrêmement peu flatteurs pour les personnes transgenres. Mais elles posent également des liens sur des articles publiés par des groupes tels que NARTH [8] et Focus on the Family [9] qui soutiennent les enseignements du Dr Zucker. Avec cela, les "news" de Lynn donnent les deux points de vue sur la question et aident à démarrer une discussion saine et nécessaire.
Ensuite, le fondateur de l'OII, Mr. Curtis Hinkle affirme que l'OII n’a pas reçu de menaces d’action juridique semblables, malgré le fait qu'une page du site de l’OII contienne une lettre ouverte au Président de la WPATH [4] publiée sur internet depuis huit mois qui est bien connue dans les milieux professionnels de K. Zucker.
Ceci donne à penser que K. Zucker est bien plus intéressé par la suppression du site de Lynn, plutôt que de traiter la plainte sous-jacente relevée dans la lettre de Me Jacobsen. Mais il y a mieux:
Le moment et le contexte de l’attaque
Le choix du moment de l’action de K. Zucker est suspect, car il vient juste avant un séminaire important de la conférence de l’IFGE [11]. K. Zucker sait pertinemment que les présentations de ce séminaire seront publiées sur mon site et qu’elles mettront en question le choix de K. Zucker en tant que responsable de la révision de la section sur l’identité de genre [12] du manuel psychiatrique concernant les maladies mentales (le DSM) [13].
Le choix de K. Zucker pour cette tâche, c’est l’éléphant dans un magasin de porcelaine. En effet ce manuel pathologise tous les transgenres comme des malades mentaux incurables, comme ce fut le cas dans le passé avec l’homosexualité. Et K. Zucker semble déterminé à rester sur cette position malgré une masse croissante de preuves irréfutables du contraire et sans tenir compte d’une pression de la société pour « dépathologiser » les personnes à l’expression de genre atypique. [14].
On trouve plus d’informations sur le contexte psychiatrique et social qui a donné lieu à la nomenclature actuelle dans le DSM, voir Gender Madness in American Psychiatry, Essays from the Struggle for Dignity, par Kelley Winters, Ph.D. [15]. Le livre du Dr Winters donne une compréhension profonde des enjeux et des défis auxquels les transgenres sont confrontés en regard de la prochaine publication de la version suivante du DSM, le DSM-V. Il expose les raisons et la nature de la confrontation des transgenres avec le Dr K. Zucker.
Alice Dreger, collègue très proche de K. Zucker, s’est beaucoup exposée dans une manœuvre similaire pour supprimer en juin passé une table ronde au National Women’s Studies Association conference, mais elle a échoué, car l’étudiante et organisatrice de l’évènement, Joelle Ruby Ryan s’est rebellée contre ses menaces à l’encontre de sa carrière académique. Depuis, mon compte-rendu sur ces événements [16] a gagné une grande notoriété publique, à la grande consternation de A. Dreger et de K. Zucker.
Comme les lecteurs des "news" se le rappellent peut-être, comme éditeur responsable des « Archives of Sexual Behavior (ASB) » K. Zucker s’est abaissé à utiliser son pouvoir hiérarchique pour transformer cette publication en outil de propagande [17] pour défendre ses collègues de l’ASB contre les nombreuses plaintes et les blogs critiques sur internet provenant de la population transgenre. Il est apparu clairement que K. Zucker menait sa vendetta personnelle contre Andrea James and Lynn Conway, qui avaient efficacement démontré que ce dernier pratique des « thérapies de conversion » sur des enfants présentant une expression de genre atypique.
Ces attaques donnent à penser qu’il veut maintenant supprimer par tous les moyens la liberté d’expression de Lynn Conway (et plus particulièrement sa capacité de publier sur internet), afin de faire disparaître l’information sur son engagement en tant que praticien des soi-disant thérapies de conversion à l’encontre d’enfants à l’expression de genre aytpique » et pour étouffer le flux croissant de questions gênantes par rapport à sa nomination comme responsable de la révision de la section du DSM traitant de l’identité de genre.
Défendre la liberté d’expression de Lynn
Face à cette menace, Lynn a besoin de votre appui pour protéger ses droits constitutionnels et son accès le plus total à Internet, de façon à ce que son site, ainsi que d’autres comme le sien puissent rester au service de notre communauté.
Il n’est pas nécessaire d’écrire des lettres ou de formuler des demandes. Ce qui serait utile, ce serait que vous exerciez votre liberté d’expression en diffusant le plus largement possible le présent rapport de nouvelles, ainsi que la lettre de Jacobsen comme preuve de l’attaque de K. Zucker.
En informant les gens de sa tentative de supprimer la liberté d'expression de Lynn, vous dévoilerez le vrai visage de K. Zucker. Laissons l’histoire être son juge!
C’est seulement en exerçant vos droits constitutionnels que vous faites ce qu’il faut pour leur pérennité.
Références:
[1] Lynn Conway’s homepage, Lynn Conway, lynnconway.com.
http://ai.eecs.umich.edu/people/conway/conway.html
[2] “Trans News Updates”, Lynn Conway, lynnconway.com.
http://ai.eecs.umich.edu/people/conway/TS/News/News.html
[3] “CAMH re: Ken Zucker and Lynn Conway”, File No. 300566, Peter M. Jacobsen, Center for Addiction and Mental Health, Toronto, Canada January 27, 2009.
http://www.intersexualite.org/Zucker_against_Conway_s_freedom_of_speech.pdf
http://www.joellerubyryan.com/db1/00058/joellerubyryan.com/_download/LetterToLynnConway.pdf
[4] “Open Letter to President of WPATH from OII”, Sophia Siedlberg, OII-UK and Curtis E. Hinkle, Founder, Organisation Intersex International, May 28, 2008.
http://www.intersexualite.org/WPATH.html
[5] IN THE SUPREME COURT OF BRITISH COLUMBIA, Citation: Crookes v. Wikimedia Foundation Inc., 2008 BCSC 1424 Date: 20081027 Docket: S072729 Registry: Vancouver.
http://www.p2pnet.net/stuff/crookes%20vwikimedia.pdf
[6] “Drop the Barbie: Ken Zucker's reparatist treatment of gender-variant children”, A report by Lynn Conway, lynnconway.com, April 5, 2007.
http://ai.eecs.umich.edu/people/conway/TS/News/Drop%20the%20Barbie.htm
[7] “Two Families Grapple with Sons' Gender Preferences - Psychologists Take Radically Different Approaches in Therapy”, Alix Spiegel, All Things Considered, National Public Radio, May 7. 2008.
http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=90247842
[8] “But For Today I Am A Boy”, Marc Lostracco, The Torontoist, May 9, 2008.
http://torontoist.com/2008/05/but_for_today_i_am_a_boy.php
[9] “How Should Clinicians Deal With GID In Children? Psychologist Kenneth J. Zucker explains the current research on children and adolescents who develop a Gender Identity Disorder”, Frank York, National Association for Research & Therapy of Homosexuality (NARTH), September 23, 2004.
http://www.narth.com/docs/gid.html
[10] “Answering Parents' Questions on Gender Confusion in Children”, Glenn T. Stanton, Focus on the Family, January, 2009.
http://www.focusonthefamily.com/parenting/articles/gender_confusion_in_children.aspx
[11] “Disordered” No More: Challenging Transphobia in Psychology, Academia and Society”, by Joelle Ruby Ryan (chair), Julia Serano, Ph.D. and Kelley Winters, Ph.D., IFGE Worshop, The 23rd Annual Conference of the International Foundation for Gender Education, Alexandria, VA, February 4-8, 2009.
http://www.ifge.org/register/db_wrkshp_one.php?the_id=77
[12] “DSM-V review of Sexuality & Gender to be headed by Zucker & Blanchard”, Trans-Academics.org, May 19, 2008. http://www.trans-academics.org/dsm-v_review_sexuality_%2526a
[13] DSM-IV-TR: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition - Text Revision, American Psychiatric Association, 2000.
[14] “Psychiatrists Revise the Book of Human Troubles”, Benedict Carey, New York Times, Dec. 17, 2008
http://www.nytimes.com/2008/12/18/health/18psych.html?_r=1&pagewanted=1
[15] Gender Madness in American Psychiatry, Essays from the Struggle for Dignity, Kelley Winters, Ph.D., BookSurge Publishing, 2009.
[16] “Joelle Ruby Ryan chairs NWSA panel on resisting transphobia in academia: The event Alice Dreger failed to stop”, A Report by Lynn Conway, lynnconway.com, June 27, 2008.
[17] "Science Subverted: How a scientific journal became a propaganda tool in the "science war" against the social emergence of transgender women", A report by Lynn Conway, lynnconway.com, August 21, 2007.
http://ai.eecs.umich.edu/people/conway/TS/News/US/Science%20Subverted.html
[18] "Dr. Kenneth Zucker's War on Transgenders," Japhy Grant, Queerty, February 6, 2009.
http://www.queerty.com/dr-kenneth-zuckers-war-on-transgenders-20090206/
Saturday, February 14, 2009
Intersexe
Porte-parole pour les droits des Intersexes en Australie
Je tracerai une ligne onduleuse sur ce tableau
Qui semble en avoir besoin.
Et après je tracerai quelques lignes dessous,
On dirait qu'elles ne resteront pas silencieuses.
Intersexe, il ne s'agit pas du genre
Il y a des intersexes qui ont toutes sortes
d'identités de genre
Intersexe, il ne s'agit pas de l'orientation sexuelle
Il y a des intersexes qui préfèrent ceci
Ou cela
Ou encore plus
Ou rien du tout
Intersexe, il s'agit du sexe
Le sexe qu'on pré-forme sur moi
Le sexe qu'on m'oblige a pré-former
Rarement
Rare comme l'ambre gris
Intersexe, c'est le sexe que je suis
Regarde au-dessous des couvertures
Regards au-dessous des vagues
Si tu m'aimes - Intersexe
C'est n'est qu'un mot. Rien de plus.
Monday, February 9, 2009
Contact Officiel sur les questions SHB
OII a le plaisir d'annoncer que Joanne Proctor de la Nouvelle-Zélande a accepté d’être le Contact Officiel de l'OII sur les questions SHB (Syndrome de Harry Benjamin). Mme Proctor est co-fondatrice de l’association HBS-NZ. Elle travaille comme auteure, chercheure et activiste en faveur des droits humains pour les personnes intersexuées.
Pour en savoir plus, visitez son blog (en anglais) :
http://joanneproctor-hbs.
Le site web de l’association HBS-NZ : Cliquez ici
Un service de l’Organisation Internationale des Intersexes
Saturday, February 7, 2009
VSD - Variations du développement sexuel
Nous sommes impressionnés par le courage et le sérieux que Dr. Diamond a apportés au discours sur la nouvelle terminologie.
Nous encourageons toutes les associations à prendre sa suggestion en considération parce que nous croyons que c’est une des seules solutions qui puissent aider à réparer les graves fissures que cette terminologie a causées au sein du mouvement intersexe.
Pour lire des articles sur l'intersexualité par Dr. Diamond (en anglais) : Cliquez ici
Un service de l’Organisation Internationale des Intersexes
Friday, February 6, 2009
L'intersexualité, encore un tabou
Paru le Mardi 03 Février 2009
MANIFESTATION - Alors qu'elles représenteraient une personne sur deux mille, les personnes hermaphrodites voient régulièrement leurs droits élémentaires bafoués.
Un poignée de participants, quelques pancartes où l'on peut lire: «Pour mettre fin aux opérations chirurgicales génitales forcées, maintenant!» On croirait facilement à un rassemblement contre les mutilations sexuelles dont seraient victimes des populations lointaines, dans des pays où les droits de l'homme ne font pas partie des principales préoccupations politiques. Mais, non. Nicolas, Daniela et quelques autres étaient présents hier, sur la place des Nations à Genève, pour défendre les droits des personnes hermaphrodites ou intersexuées. Ils seraient régulièrement bafoués dans les sociétés occidentales dites démocratiques. Daniela Truffer, présidente de l'association allemande Intersexuelle Menschen, ne s'étonne pas du peu d'écho reçu par l'appel de son organisation à manifester silencieusement devant le siège genevois des Nations Unies: «C'est révélateur de la situation des personnes intersexuées en Suisse comme dans le monde. Elles sont invisibles juridiquement, socialement et politiquement. Et c'est pour cela que peu de gens ont connaissance de l'existence de personnes qui biologiquement sont entre deux sexes.»
Un choix dénié
Pourtant, un enfant sur deux mille naîtrait sans vraiment le corps d'un homme ni celui d'une femme. Mais cette ambiguïté génitale est très mal acceptée par la société. C'est pourquoi la majorité des hermaphrodites sont opérés dans leur enfance, le plus souvent pour devenir des femmes. Car «c'est plus facile de couper», explique crûment Mme Truffer.
Or ces opérations génitales sont souvent imposées aux personnes intersexuées, sans qu'elles-mêmes ou leurs parents ne soient informés de la nature et des conséquences de ces interventions. Elles privent les enfants du choix d'être un homme, une femme, ou de rester hermaphrodite.
La décision d'opérer part rarement d'une mauvaise intention, mais les conséquences psychiques et physiques qui en résultent sont souvent très lourdes. Outre les cicatrices que laissent les interventions, l'ablation d'une partie des organes génitaux engendre un traitement hormonal à vie. «On donne des hormones normalement prévues pour des femmes ménopausées à des enfants de 12 ans. A long terme, elles ont un effet négatif sur la santé», s'indigne Mme Truffer.
Les problèmes d'obésité, de diabète ou d'ostéoporose peuvent être des suites directes d'une opération ou d'un traitement hormonal. Toutes ces interventions médicales sont traumatisantes pour beaucoup d'hermaphrodites. Tant et si bien que nombre d'entre eux peinent à s'épanouir sexuellement.
Lourdes conséquences
Selon Mme Truffer, c'est une violation des droits fondamentaux de l'homme que d'imposer à des enfants au corps à l'origine «sain» des traitements aussi lourds. La militante apparente même cela à des mutilations, voire à de la torture. Et Nicolas, membre de l'Organisation internationale des intersexués1, de revendiquer le droit à un choix éclairé, en toute connaissance de cause. «Il faudrait qu'il y ait de l'information dans les écoles, explique-t-il. Si on explique bien aux enfants hermaphrodites ce qu'ils sont, il peuvent sans problème attendre leur puberté pour décider s'il veulent ou non être opérés.»
Pour les organisations de défense des personnes intersexuées, le droit de rester hermaphrodite est essentiel. Car l'intersexualité n'est pas considérée comme une anomalie, au contraire, «c'est un état naturel qui existe notamment dans les règnes végétal et animal», souligne Nicolas. I
Note : 1 www.intersexualite.org
Un service de l'Organisation Internationale des Intersexes